Tournage nocturne à Rabat du prochain Ridley Scott

En novembre dernier, c’était la semaine du cinéma européen à Rabat. J’ai vu à cette occasion trois films, dont deux fantastiques : De l’autre côté, de Fatih Akin et 4 mois, 3 semaines, 2 jours, de Cristian Mungiu. Une semaine riche donc d’un point de vue cinématographique.

Mais elle le fut plus encore, à ma grande surprise… Le 17 novembre, en sortant de la projection de 4 semaines (etc.) au 7ème art, je rencontrai des collègues qui me proposèrent de me ramener chez moi. En remontant l’une des rues à proximité du cinéma, nous passâmes, un peu effarés, devant deux carcasses de voiture calcinées, sagement et géométriquement rangées le long du trottoir. En nous retournant pour jeter à nouveau un regard vers elles, nous apercevons le bord du store qui pend à la façade du café à côté, lui aussi brûlé ! « Mmm, fis-je à demi sibyllin, on nous cache des choses… »

Le lendemain, j’allai voir le dernier film présenté au festival : Les paumes blanches. Mais en arrivant près du cinéma, je suis éberlué devant un spectacle peu commun. Quatre rues entières ont été fermées à la circulation. Tout autour dans le quartier, des dizaines de camions remplis de matériel, des pick-up traînant d’énormes ventilateurs (pour répandre de la fumée), une ribambelle d’individus en t-shirt en en short munis d’une lourde ceinture d’outils comme en ont les plombiers, les badauds arrêtés par des barrières en métal, et puis au loin, au milieu du carrefour interdit, une immense toile blanche et un énorme projecteur. Bref, un extraordinaire déploiement d’énergie industrieuse et industrielle pour le filmage nocturne d’une scène (comportant un attentat, sans doute) du prochain Ridley Scott « Body of lies » avec DiCaprio, dont le tournage s’effectue entre Rabat, Salé et Ouarzazate.

J’ai été pris de court. Je devrais laisser mon appareil photo en permanence dans ma voiture. Je voulais à tout prix garder une trace de cet événement insolite. Je rebroussai chemin pour aller chercher mon appareil chez moi.

Quand j’arrivai à nouveau sur les lieux du tournage, après une petite demi-heure, le plus gros était terminé. Je voyais les pick-up qui rentraient au bercail. Il ne restait plus beaucoup de camions : on remballait. Un petit monte-charge déplaçait les carcasses de voitures entrevues la veille. Elles restèrent quelque temps dans une rue adjacente, puis une dépanneuse les emporta au loin.

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S’activaient pourtant encore une garnison de « nettoyeurs » qui s’échinaient à faire disparaître toute trace de l’affaire, d’un endroit qui est sans doute le plus beau carrefour de la ville moderne (du Protectorat) : changeant le décor, balayant la poussière, lessivant les façades… Bientôt, il allait être difficile de déceler la moindre trace de ce qui venait de se passer ce 18 novembre à 18 heures au milieu de ce carrefour…

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Ridley Scott a réalisé des chefs d’œuvre tels que Thelma et Louise (Ah !), Gladiator… Cependant il a suscité la polémique avec son dernier film, La Chute du faucon noir, à travers lequel il a été soupçonné de soutenir la politique belliqueuse des États-Unis, politique qui a mené au désastre que l’on connaît aujourd’hui. Certains blogueurs ont contesté ces critiques. Je n’ai pas vu le film. Mais si je pensais qu’elles étaient justifiées, soyez persuadés que je ferais disparaître cet article. J’aurai peut-être la réponse à mes interrogations sur l’engagement politique du réalisateur avec « Body of lies » que l’on dit traiter de la CIA et d’al Qaida.

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