Rabat, dès potron-minet et sur la brune

Après « Casa, entre chien et loup », voici « Rabat, dès potron-minet et sur la brune ».

Voilà deux expressions hautes en couleur.

« Dès potron-minet » et « Dès potron-jacquet » se sont fait concurrence, au XIXème et XXème siècles du moins. Le potron, c’est une altération du bas latin « posterio », c’est-à-dire le cul ! Et le minet comme le jacquet sont deux petits animaux pleins de charme et alertes : vous connaissez le minet, mais saviez-vous que le jacquet désignait un écureuil ?

Or, on a longtemps dit « dès potron-jacquet » pour désigner le moment où le postérieur agile de l’écureuil fait son apparition, c’est-à-dire l’aube… jusqu’à ce que l’on remplace le deuxième élément de ce terme composé par un « minet »…

Les expressions ont parfois été altérées en « patron-jacquet » et « patron-minet ».

« Sur la brune » ou « à la brune » ne manquent pas non plus de relief. Il s’agit d’une métonymie : la couleur pour le tout. En effet, l’adjectif « brun » a d’abord signifié « sombre, obscur » en parlant de la nuit : la nuit est avant tout brune. Puis l’adjectif substantivé a fini dans cette expression par remplacer « la nuit ».

Pourquoi ce cours d’histoire de la langue ?

Parce que des affaires dans la capitale marocaine m’ont amené à arpenter les ruelles de la médina « dès potron-minet » et « sur la brune ».

Et j’aimerais partager avec vous quelques photos prises à ces heures, lorsque la lumière du ciel s’allume et s’éteint, lorsqu’elle se fait secrète ou câline.

  • Dès potron-minet : quand les ruelles silencieuses de la médina retentissent des pas des promeneurs matinaux :
  • Puis sur la brune : quand le ciel, aux abords des Oudaïas et du phare, s’irise de fils de soie et d’or :
  • Puis à nouveau dès potron-minet : quand les palmiers, les lampadaires, les grues, les mâts des bateaux et la tour Hassan émergent de la brume :

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