Journée portes ouvertes sur le patrimoine de Casablanca – 18 avril 2009

Je vous ai déjà parlé ici de la journée « d’inauguration » qui m’a amené à découvrir cet époustouflant bâtiment que sont les anciens Abattoirs de Casablanca, une journée qui à cet endroit précis a proposé à une foule de visiteurs une foule de manifestations culturelles d’une grande variété, et qui à mon sens s’est révélée être un événement tout à fait réussi et totalement inédit.

C’est la même association : Casamémoire, association opiniâtre à promouvoir et protéger l’architecture moderne à Casablanca, qui a organisé, une semaine après, et toujours avec la même ardeur, la première journée « portes ouvertes » consacrée à ce patrimoine. En plusieurs endroits clefs du centre ville – mais finalement en assez peu grand nombre quand on réalise la richesse de Casablanca en constructions de cette période – des bâtiments étaient ouverts aux visiteurs qui pouvaient en apprécier les originalités et les curiosités sous la conduite d’un guide, spécialiste de la question. Des cartes souvenirs livraient un certain nombre de vues de ces lieux, en même temps que d’utiles renseignements sur leur genèse. Certaines parties habituellement fermées de ces bâtiments étaient aussi exceptionnellement accessibles.

Carte souvenir journée « portes ouvertes » – Parc de la Ligue Arabe – recto
Carte souvenir journée « portes ouvertes » – Parc de la Ligue Arabe – verso

Une plaquette avait été éditée pour l’occasion, et muni de cette précieuse boussole, j’ai suivi un parcours jalonné d’une poignée de bâtiments. En voici les temps forts, et la récolte de photos qui s’en est suivie.

En approchant de l’église du Sacré Coeur

La première étape de ce parcours, ce fut l’église du Sacré Cœur, qui même si elle n’en n’a pas le statut, a tout l’air d’une cathédrale, une cathédrale de béton. J’étais très impatient de la découvrir ; je n’y avais encore jamais mis les pieds. Qui plus est, en en approchant, j’avais distingué des visiteurs au sommet des deux clochers. La vue promettait d’être inoubliable. A l’intérieur, la nef est d’une grande pureté, peinte d’un blanc avec lequel les vitraux et leur luminosité électrique tranchent. Les piliers parfaitement cylindriques, aussi fins que des tiges florales, lui donnent un élan et une verticalité du plus bel effet.

Vue sur la nef du Sacré Coeur
Vitraux du choeur de l’église du Sacré Coeur

J’ai la confirmation qu’il est possible de gravir un escalier jusqu’au sommet de l’église. Ce qui n’a pas été tout à fait aisé pour moi qui ai une certaine tendance au vertige : l’escalier était dépourvu de rampe de sécurité et se rétrécissait au fur et à mesure qu’on le gravissait (mais en haut, il était protégé d’une rampe d’escalier, tout de même). J’arrive à une première galerie, entre les deux clochers. La vue qui se présente devant moi est inoubliable, vers le parc le la Ligue Arabe, la villa des Tourelles en contrebas, la mer au loin, la mosquée Hassan II juste devant, et l’ensemble du tissu urbain, sous un ciel limpide, effleuré par une brise très agréable.

Je ne suis pas seul dans l’escalier
Un clocher
Depuis la galerie
Vue sur la villa des Tourelles en contrebas
Au loin, la mosquée Hassan II et la mer
Sur les toits

Je me trouve au niveau du couvrement de l’église : la voûte en berceau de la nef, et celles en demi-berceau des bas-côtés, sont comme hérissées de pinacles dont les pigeons se servent comme perchoirs. Plus haut encore, j’arrive au sommet du clocher, autour duquel un balcon est aménagé. De là, le couvrement est plus visible encore : des arcs doubleaux sont encastrés dans les voûtes et reliés à des contreforts dont les extrémités se projettent hardiment dans le ciel, comme des pinacles, peut-être un peu plus émoussés que les traditionnels, donnant au tout une apparence d’abdomen de coléoptère articulé et bardé de dards, qu’aucun entomologiste n’oserait renier.

Les tours du Maarif entre deux pinacles (et un pigeon)
Le couvrement de l’église en « écorché »

Ensuite, après avoir réussi à nouveau l’épreuve de l’escalier du Sacré Cœur qu’il faut avoir bien accroché, cette fois du haut vers le bas, je me suis rendu juste un peu plus loin en face, à l’école supérieure de Beaux Arts. Il s’agit d’une villa de taille moyenne, dont la façade s’entraperçoit au fond d’un jardin verdoyant planté de palmiers et – aujourd’hui en plus – d’une forêt de sculptures sans doute réalisées par les élèves de l’école. Les volumes y sont vastes, et au milieu se logent un escalier et sa belle rampe en fer forgé. Derrière la villa, à l’étage, la terrasse est un lieu à l’abri de l’agitation de la ville. Dans quelques salles se dressaient des tréteaux et des plans de travail, ainsi que des œuvres d’art, achevées ou en devenir, qui donnaient à ce lieu de création un cachet supplémentaire.

Façade de la villa, au fond du jardin
L’escalier de l’école des Beaux Arts
Terrasse au calme et jeux de lumière
Les ateliers de l’école
Nature morte au protome de tigre

L’étape suivante, l’ambassade de France sur la place de l’hôtel de ville, offrit pour moi moins d’intérêt. Certes le jardin était magnifique, on pouvait voir de près la statue de Lyautey et examiner les bas-reliefs de son socle, à condition que l’on s’y intéresse, mais la visite se cantonnait à l’extérieur du bâtiment, l’intérieur n’ayant pas d’intérêt réel pour les amateurs du patrimoine.

Le jardin de l’ambassade
Satue du maréchal Lyautey

J’ai regretté de ne pas être entré à l’intérieur de l’hôtel de ville à ce moment-là. Il a fermé ses portes rapidement. Mais j’ai parcouru les salles du palais de justice qui se trouve à côté. Il s’organise autour d’un jardin intérieur bordé d’un portique surélevé qui joue le rôle à la fois de galerie et d’un balcon, avec une vue dégagée sur la place. Les chapiteaux des colonnes qui soutiennent ce portique sont de style mauresque. De gros carreaux de céramique vert d’eau, bleu de cobalt et bruns, à la manière de zellij, forment des lambris qui décorent la majeure partie des murs.

La galerie vue de face
la galerie vue de l’intérieur
Vue dégagée sur la place depuis la galerie
Chapiteau mauresque de la galerie

La salle des audiences  s’est révélée la plus originale : elle a été imaginée sur le modèle d’une église, dont on retrouve le toit à double pente, des fenêtres étroites à vitraux, les bancs des auditeurs… Au plafond pendent en grand nombre des lustres de fer forgé qui évoquent des lampes de mosquée. Dans le jardin, cette partie du bâtiment se signale par son toit en pente garni de larges tuiles vertes vernissées.

A l’intérieur de la salle des audiences
Lustres de fer forgé dans la salle des audiences
La salle des audiences depuis la galerie

Enfin, la Poste, construction emblématique de la place et de Casablanca, n’était pas loin. Un saut de puce, et je me trouvais dans son hall chaleureux décoré de stuc et de boiseries, à la manière d’une madrasa, mais avec comme lambris du granito à la place des zellij. Le clou de la visite, c’est bien sûr l’horloge de vitraux, ses carreaux numérotés que l’on change tous les jours pour indiquer la date. Il paraît que quelques uns sont cassés !

Le hall de la Poste
L’horloge de vitraux
Gros plan sur l’horloge

En surfant sur internet avant d’écrire ce post, j’ai été heureux de constater que cette année encore, le patrimoine de Casablanca s’est donné à voir au cours de nouvelles journées du patrimoine. Longue vie à cette initiative pleine d’intérêt !

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