Le patrimoine bâti rbati datant du Protectorat est d’une grande diversité, les colonies ayant constitué un champ d’expérimentation pour des architectes qui en métropole ne jouissaient pas de la même liberté de créer. Des édifices ont été prévus pour tous les aspects de la vie sociale, chacun étant lié à sa manière à l’histoire du Protectorat. Plusieurs styles se distinguent, empruntant – en les renouvelant et en les mêlant parfois – des références aux architectures contemporaine ou passée.
Les bâtiments peuvent donc d’abord se distribuer selon la fonction qu’on leur attribue. Rabat, capitale politique et administrative dès le Protectorat, compte plusieurs lieux de pouvoir réservés à l’exercice de l’autorité : la Nouvelle Résidence, palais situé au milieu de vastes jardins et demeure du Résident Général, le général Lyautey jusqu’en 1925, aujourd’hui ministère de l’Intérieur ; le Parlement (ancien Palais de Justice), sur l’Avenue Mohammed V ; l’État Major…
Les bâtiments à vocation administrative sont également nombreux : ministères, offices, postes (centrale, de la Résidence), trésorerie…

Sur la corniche se disséminent plusieurs bâtiments militaires, comme l’hôpital militaire Marie Feuillet (quartier Océan), les abris des camps Garnier et Sartiges.
Rabat compte dans ses murs plusieurs édifices cultuels : chrétiens (cathédrale Saint Pierre, église saint Joseph, église saint François d’Assise, temple protestant rue Allal Ben Abdallah, église russe orthodoxe place Bab Tamesna) ou musulmans, lors de la construction de grands ensembles au caractère néo-traditionnel (Diour ejjamaa ; cité Ecochard)…


L’actuel Centre de Documentation appelé « La Source » s’est installé dans un ancien monastère, où est hébergée également l’institution Sainte Marguerite Marie.

Les autorités du protectorat ont également fait construire des hôpitaux, comme l’hôpital Marie Feuillet (déjà cité), l’hôpital Moulay Youssef (quartier Akkari), la clinique du Chellah (place Moulay Hassan)…
On peut évoquer également des établissements scolaires et d’enseignement comme le lycée Moulay Youssef, le lycée Gouraud avenue du Chellah, le collège Yacoub el Mansour, ou encore « l’école des langues arabe et berbère » (ancien Institut des Hautes Etudes Marocaines devenu la faculté des Lettres de l’Université Mohammed V dans l’Agdal)…

Le musée archéologique est vieux de plus de 70 ans.
De très nombreux hôtels subsistent de cette époque : le plus célèbre est celui appelé « La Tour Hassan », mais d’autres, aux façades élégantes, sont visibles dans le centre ville comme les hôtels d’Orsay, Majestic, Gaulois, Royal, de Paris, Splendid, Velleda, de la Paix, l’hôtel Transatlantique (aujourd’hui des Oudaïas), ainsi que l’ancien « Maroc-Hôtel ».

Evoquons ensuite les bâtiments liés aux transports publics, comme bien sûr la gare de Rabat-Ville.
A découvrir encore : des bâtiments qui ont une fonction commerciale ou industrielle : le marché central, à l’entrée de la médina, le garage Renault « Godefin », les établissements Vidal, spécialisés dans la fabrication de pièces mécaniques, avenue Al Maghreb Al Arabi.


Il faut citer les lieux de divertissement comme l’ancien théâtre « Renaissance » dont la façade a été modifiée et à laquelle on a ajouté un étage, le cinéma Royal, l’ancien cinéma alhambra, aujourd’hui Rif, qui date des années 40…

L’architecture résidentielle se répartit entre immeubles de rapports, très nombreux et de tous styles, et en villas, plus dispersées.

Enfin les jardins ont beaucoup compté dans l’urbanisme de Rabat à cette époque, car la capitale a été voulue comme une ville verte, une cité-jardin : on peut évoquer le célèbre jardin d’Essais, en réhabilitation actuellement comme je l’ai déjà précisé, le parc de Triangle de Vue (ou « parc de la Médina »), le jardin du Belvédère qui est sur le point d’accueillir la nouvelle Bibliothèque Nationale du Maroc, ainsi que les jardins de la Résidence (aujourd’hui ministère de l’intérieur). On pourra se référer aux travaux de Mounia Bennani qui a étudié « la fondation de la ville de Rabat à travers son système de parcs » (résumé consultable sur internet).

De styles variés sont les édifices cités ci-dessus : on peut en dénombrer cinq principaux, selon qu’ils s’inspirent de l’architecture européenne ou traditionnelle, de l’architecture passée ou contemporaine. Ces styles précisément s’entremêlent pour donner forme à des édifices tout à fait originaux.
Le style néo-mauresque est du point de vue chronologique le premier style que l’on peut citer. On l’appelle parfois le style arabisant (il a été qualifié en Algérie de style Jonnart, d’après le nom de l’architecte qui lui a donné sa marque). La structure des édifices pour lesquels on a choisi ce style est de nature européenne : le plan, l’élévation sont européens, avec des éléments classiques comme une corniche, un strict ordonnancement des ouvertures… Mais ils sont « habillés » de façon à leur donner un aspect « indigène », local. Ainsi, leurs murs sont d’un blanc immaculé qui rappelle celui des maisons de la médina. Le vocabulaire décoratif est emprunté à l’art islamique : frises et encadrements des fenêtres végétales, arcatures, zelliges… Les bâtiments qui bordent l’avenue Mohammed V sont de cette sorte.

Le style éclectique européen réunit et cristallise sur les façades de nombreuses citations empruntées aux styles européens hérités du passé : ce deuxième style de l’architecture coloniale mêle styles néo-renaissance, néo-baroque, néo-classique… A Rabat, certains bâtiments présentent un style néo-classique, comme l’ancienne cour d’Appel, aujourd’hui Ministère de l’Information. Auparavant, le cinéma « Renaissance » avait une façade qui évoquait l’époque du même nom. Certaines habitations, construites par des Espagnols, ont une allure tout à fait « hispanisante ».


Le style art déco géométrique reprend les grands principes du discours architectural européen des années 20 mais le simplifie, en insistant sur la régularité des lignes et la clarté des formes qu’il utilise.

Le style moderniste se positionne dans la mouvance des travaux du Bauhaus. Ces édifices adoptent les principes novateurs de ce mouvement moderne, tout en retrouvant et assumant quelques caractéristiques propres à l’architecture marocaine.


Enfin, le style néo-traditionnel pastiche les formules architecturales traditionnelles des médinas, en apportant néanmoins quelques innovations qui n’affaiblissent pas l’identité marquée de ces ensembles. Diour ejjamaa, la cité Ecochard ou encore les maisons des cadres de l’Office Chérifien des Phosphates dans le quartier Akkari répondent à cette définition. Pas très loin, dans le quartier Yacoub el Mansour, on trouve encore dans le même style un pâté de maisons connu sous le nom d’Hay Atiq.

dommage de voir pousser des bâtiments dits « minimalistes »dans une ville de ce caractère!
a croire qu’il n’y a personne qui s’occupe d’histoire ni de patrimoine dans cette ville
très intéressant, merci bq pour ce ti voyage
Je vis au Maroc depuis 1971 et je vois disparaitre un patrimoine architectural magnifique. Rabat était une ville splendide. A mon sens, de nombreux bâtiments auraient pu être remis en valeur au lieu de les détruire…et de construire des immeubles sans âme.
tres interessants merci
je suis un élève en classe de terminale(E) au lycée technique de Bangui(RCA)
le maroc, un pays qui me fascine!!!