Chaouen : mon rêve bleu

Après avoir fait une halte à Ouazzane, je suis arrivé en soirée à Chaouen (ou Chefchaouen). Si vous avez tout suivi, vous vous rappelez que ma halte à Ouazzane correspondait au dernier jour du mois de Ramadan. Le lendemain : l’aïd es-sghir, ou « petite fête », encore appelée « aïd el fitr », où l’on se remet à manger et à faire tout le reste le jour, après s’être serré la ceinture  pendant un long mois.

La ville repose devant un décor admirable de montagne : ses pans démesurés de roche grise parsemée de végétation, lui servent de dais rafraîchissant. Là-bas, je me rappelai Saint Guilhem le Désert et son cirque étonnant.

La première chose que je fais à mon arrivée dans une mégapole exotique, c’est de trouver un hôtel. Ce fut rapide. Puis direction médina.

Qu’elle est jolie la place du Makhzen, avec ses boutiques qui font une ronde autour d’un vieil arbre. Et l’émerveillement va croissant lorsque l’on débouche sur la place Uta el Hammam, avec son immense sapin au centre. La première est comme l’antichambre de l’autre, et la deuxième, plus vaste, bordée par les murailles de la casbah d’un côté, l’est par d’honorables tavernes de l’autre.

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Arrivé sur la place Uta el Hammam, une ruelle grimpe vers l’entrée d’un fondouk puis file droit vers la montagne.

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Au fond, une ruelle à droite également, s’enfonce vers la vallée. C’est cette dernière que j’ai choisie pour découvrir la médina en cette fin de journée. Une amie m’avait dit un jour que la meilleure façon de découvrir une ville, c’était de nuit. On en avait une vision supplémentaire, comprenais-je alors.

Les ruelles étaient piétinées par un flot d’humains en cette veille de fête. Je me laissai entraîner un temps, puis empruntai des ruelles moins encombrées. Chaouen la nuit, avec ses tons de métal argenté et de crème Chantilly, semble très mystérieuse, et parfois on débouche sur une petite place où des lanternes cuivrées et chatoyantes se mêlent à la vigne folle et au frémissement des conversations.

Je me rappelle cette « emmaria », chaise de mariée, scintillant à l’entrée d’une impasse. Je la revis le lendemain, transfigurée.

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Je me suis perdu. J’ai tourné un peu dans la ville calme. Un homme m’a suivi. Il voyait que j’étais égaré. J’étais intimidé car il avait des problèmes pour parler, et avait pour lui tenir compagnie un transistor qui ne recevait aucune onde mais d’où s’échappait un désagréable torrent de grésillements. Bientôt nous arrivions à la grande place que je cherchais et je le remerciai comme il se devait.

Le lendemain, tôt le matin de l’aïd el fitr – ciel limpide et soleil radieux – me laisse un souvenir extraordinaire de simplicité, d’humanité et de fraîcheur. Les ruelles étaient très calmes. Les habitants avaient revêtu des habits de fête et se souhaitaient chaleureusement une bonne « petite fête » en même temps que le bonjour. Les enfants jouaient en mangeant des sucreries. Les ruelles se remplirent peu à peu.

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Elles apparaissaient sous un jour différent : de jour tout simplement ! Symphonie de blancs fondants, à la Whistler, de bleus captivants, à la Matisse, et d’ocres et de roses attendrissants, lorsque les pierres sous-jacentes des habitations affleurent la surface des murs.

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Aux abords de la médina, on trouve encore une source appelée « Ras el Ma » (la « tête de l’eau »). De l’autre côté, à quelques encablures du centre ancien, j’ai circulé sur une place circulaire, entourée de quelques bâtiments de la période coloniale, dont une église, qui a été dessinée par Juan Miro !

Chefchaouen est une ville douce, claire et brillante ; cette matinée a été pour moi aussi tonifiante qu’un glaçon à la grenadine qui fond dans la gorge et réfrigère le gosier.

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