Casa, entre chien et loup

J’ai été marqué par l’une des scènes du film de James Ivory, « Retour à Howards End », sorti en 1992.

Ce film, adapté d‘un roman de E. M. Forster, écrivain anglais du groupe de Bloomsbury, se déroule à l’époque édouardienne (sous le règne d’Edouard VII,  1901-1910) : son intrigue se déploie autour de l’héritage d’un cottage de  la campagne anglaise qui donne son nom au film, Howards End, et que plusieurs personnages se disputent.

Ces derniers sont issus de trois familles, chacune d’entre elles s’inscrivant dans une classe sociale différente : les très riches Wilcox, les bourgeois Schlegel, et les Bast, d’une extraction plus basse. Par amitié, mais contre l’avis de sa famille, Ruth Wilcox lègue Howards End à Margaret Schlegel, mais les autres membres de la famille Wilcox font disparaître la lettre où ce legs a été consigné, ce qui provoque dissimulations, culpabilité et autres joyeusetés. La question que pose le film, eu égard aux différentes classes sociales qui y sont représentées et à l’héritage qu’elles convoitent, est la suivante : qui doit hériter de l’Angleterre ?

Mais le passage que je retiens met en scène, au début du film, Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave) qui se sait mourante et qui, au moment du crépuscule, se promène à l’extérieur de la maison, dans une lumière déclinante très douce et très enveloppante, puis s’arrête devant la baie vitrée du cottage à travers laquelle, dans une lumière vive, chaude et jaune, évolue une compagnie réunie faisant tous ses efforts pour sacrifier aux rites de la socialisation. Ce sont ces deux lumières si opposées qui coexistent – l’une crémeuse, impalpable et secrète, l’autre profonde, immobile et stridente – qui se sont inscrites dans ma mémoire. Leur retranscription à l’écran est spectaculaire, a sans doute nécessité un déploiement important de savoir-faire, et on en retrouve la présence dans d’autres chefs d’œuvre de l’histoire du cinéma.

C‘est à cet extrait que m’a fait penser une récente promenade à Casablanca, où mon emploi du temps chargé m’a conduit à me lever à l’aube et à prendre quelques photos de la ville et de son port, à la fois dès potron-minet (aux premières lueurs du jour) et à la brune (aux dernières), bref entre chien et loup, selon l’expression consacrée.

Les voici.

Celles du matin, représentant le port :

La ville :

Le ciel :

Puis les autres plus tardives, lors d’une balade dans le centre de Casa au coucher du soleil :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.