Comme je l’ai déjà dit dans un post précédent, des passionnés de patrimoine ont décidé de doter Marrakech d’un établissement destiné à la préservation, l’exposition et la mise en valeur de la photographie au Maroc. Et c’est particulièrement réussi.
La Maison de la Photographie de Marrakech se situe aux abords de la Madrasa Ben Youssef. En venant du quartier Mouassine, on passe devant le mausolée de l’un des « Sept saints de Marrakech » : le mausolée de Sidi Abdelaziz Tebâa, dont la ruelle était autrefois barrée par de lourdes chaines pour l’interdire aux non musulmans, comme le montre un autochrome de Stéphane Passet, assistant d’Albert Kahn. La rue que l’on suit après compte de nombreux fondouks (le fondouk aux pierres de couleur rouge, le fondouk el Amri, se situe quant à lui dans la rue Dar Bacha).
© Musée Albert-Khan Département des Hauts-de-Seine
La Maison de la Photographie est installée dans une maison traditionnelle décorée avec beaucoup de fraîcheur. La lumière y entre généreusement, y éclairant à la fois la blancheur des murs, les carreaux colorés, les plantes grimpantes et bien sûr les photographies.
L’exposition – « Maroc, l’Éternel et l’éphémère », semi-temporaire – est une révélation et présente de manière continue des photographies depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à la fin du Protectorat. On y rencontre donc comme acteurs de ce médium : des photographes écossais (George Washington Wilson, Norman Mac Leod, James Valentine, années 1880), les photographes tangérois de la rue Siaghine (Alexander Cavilla, A Arevalo, Léon & Lévy, années 1880-85), des photographes du Protectorat (Félix, Marcelin Flandrin, années 1910-20), des autochromes pris par les assistants d’Albert Kahn dans le cadre de son entreprise de constitution des « Archives de la planète » (Jules Gervais-Courtellemont, Georges Chevalier, années 20), les membres de l’Alliance Photo en exploration au Maroc (Denise Bellon, Pierre Boucher, René Zuber, années 1930), le photographe officiel de la Résidence Jacques Belin (années 1940, dont j’ai déjà parlé à propos du Café maure de Fès), Gabriel Gillet du Studio Souissi (années 40), Jean Robichez, Jean Besancenot, Daniel Chicault qui a tourné le premier film en couleurs sur les Berbères en 1957, enfin le photographe d’origine hongroise Nicolas Muller dont je reproduis ici une photo (en ai-je vraiment le droit ?) :
On peut aussi voir quelques appareils anciens et le magazine français qui le premier a publié un reportage illustré sur la Maroc, avec des photos de Jules Gervais-Courtellemont.
La visite se termine, comme souvent, et ce n’est pas là le moindre atout du musée, par la terrasse, où l’on peut certes prendre un verre de thé (entre autres choses), mais aussi où l’on jouit d’une vue époustouflante sur Marrakech.
Le musée semble ainsi remplir complètement toutes ses missions de préservation du patrimoine, de recherche et d’éducation auprès du très enviable public marrakchi. Merci !